La numérisation : bien choisir ses outils
Dans le monde entier, la révolution Industrie 4.0 bouleverse les méthodes de production et de livraison. En réaction, les entreprises s’engouffrent dans la numérisation afin de ne pas perdre pied. Or, une approche plus lente et plus réfléchie pourrait être une meilleure option car elle leur permettrait de sélectionner avec soin les produits disponibles dans la boîte à outils numérique.
La numérisation est l’une des pierres angulaires de la transition vers l’industrie 4.0 qui verra des processus de fabrication toujours plus axés sur l’automatisation et les échanges de données. On peut déjà tirer des enseignements de l’expérience du secteur des biens de consommation, en particulier dans le domaine de l’Internet des objets où les objets du quotidien sont interconnectés pour la surveillance et la commande à distance. Les consommateurs ne choisissent que des produits et des services qui leur sont utiles ou qui leur facilitent la vie. SKF cherche à obtenir le même résultat qualitatif dans ses produits, ses services et ses échanges avec les clients en proposant, conformément à ses convictions, « Tout ce qui est nécessaire, rien d’inutile. »
Les entreprises doivent recourir à la numérisation pour accroître le rendement, améliorer la qualité de leurs produits et rationaliser leurs réseaux de distribution. « Il s’agit de réussir de manière efficace et évolutive à passer de la chaîne de création de valeur à une approche circulaire en recueillant les données voulues auprès des outils de production et des processus, explique Freddy Hernández. Nous produisons alors des informations concrètes et exploitables pour nos clients. La grande force de l’analyse des données, c’est de réduire les erreurs et de créer des processus plus simples ainsi qu’une plus grande transparence. En abaissant le niveau des prix, en améliorant la surveillance des outils de production et en tirant parti des codes source ouverts pour stimuler la croissance, une sélection rigoureuse des outils numériques et une excellente analyse des données peuvent déboucher sur un retour sur investissement. »
Dans le cas de la chaîne de grande distribution suisse Migros, la digitalisation de sa chaîne d’approvisionnement a abouti au développement d’un modèle de « prévision itérative », modèle qui fait appel aux analyses répétées. Dans la pratique, ceci a permis d’améliorer la qualité des produits car il est possible de commencer à choisir les fournisseurs avant même que les magasins envoient leur commande, ce qui est essentiel dans un secteur où l’efficacité est le résultat de la promptitude et de la fraîcheur.
Les outils d’analyse des données sont indispensables aux nombreux opérateurs désireux de faire croître leur chiffre d’affaires. La solution eSales d’Apptus analyse le lien entre l’intention d’achat des clients et la concrétisation de leur intention. En Suède, la librairie en ligne Bokus.com se sert de sa capacité à anticiper le comportement des consommateurs en vue de créer des « infolettres digitales de recommandations personnalisées ». Selon, la boutique en ligne, son chiffre d’affaires moyen a augmenté de 100 % auprès des clients qui ont reçu ces « petits coups de pouce » individualisés.
Il y a, par ailleurs, l’impression que la digitalisation n’est l’apanage que des jeunes entreprises. Une étude réalisée en 2018 par le cabinet-conseil Forrester Consulting pour le compte du géant international du logiciel SAP a révélé que « 88 % des fabricants innovants avaient commencé ou achevé leur transformation numérique, contre 54 % seulement des autres entreprises ». Cette indécision face au numérique n’est pas non plus sans raison, car cela représente un éminent virage culturel, qui soulève des questions telles que : quel impact va avoir la numérisation sur le travail ? l’ouverture et la transparence accrue accentueront-elles le contrôle sur les services ? et quid d’une trop grande digitalisation et des exigences croissantes en matière de protection des données ? à qui appartient les données dans le cadre d’une collaboration et quelles sont les garanties que seules les données nécessaires seront partagées ?
La grande force de l’analyse des données est de réduire les erreurs et de créer des processus plus simples ainsi qu’une plus grande transparence.
Freddy Hernández, responsable de la gestion produits, Rotating Equipment Performance chez SKF
La numérisation ouvre la porte à de nouveaux champs de réglementation et pose la question de savoir qui sera à terme responsable des actions des machines automatisées. Toutes ces questions ne peuvent être résolues que par une approche concertée menée par les entreprises.
Et l’avenir ? « Il sera axé sur nos clients, nous devrons veiller à apporter une solution aux difficultés pour que leurs processus fonctionnent en continu », prévoit Freddy Hernández. La digitalisation ciblée permet à l’industrie de produire des biens et des services personnalisés, centrés sur le client, connectés et intelligents. Pourtant, le secteur le plus porteur serait celui de la servicisation, où les entreprises vendent des solutions complètes plutôt que de simples produits finis. Il inclut souvent l’infrastructure nécessaire pour recueillir, traiter et exploiter les données dans le cadre d’une offre complète de services.
C’est précisément le cas du groupe néerlandais Philips qui fournit une prestation d’éclairage à l’aéroport de Schiphol à Amsterdam. Schiphol loue les équipements, Philips reste propriétaire des luminaires et de l’infrastructure et collabore avec son client pour atteindre ses objectifs en matière de développement durable en concevant un écosystème numérique qui garantit des performances maximales et une création de valeur du système d’éclairage. Dans le secteur des biens de consommation, Apple a perçu la digitalisation croissante de l’industrie musicale dès 2001 et a lancé iTunes pour compléter l’iPod lancé la même année.
Faisant référence à l’offre de services phare de SKF, Freddy Hernández indique : « Le service Rotating Equipment Performance (optimisation des équipements tournants) assure une rotation fiable, maximise les économies et favorise l’amélioration en alliant nos connaissances et notre expertise au moyen des technologies connectées. »
« Il est crucial de proposer rapidement de nouvelles innovations, poursuit-il, mais nous ne pouvons y parvenir qu’en nous concentrant sur ce qui compte réellement pour nos clients et en injectant une véritable valeur ajoutée de manière évolutive. »
Alors que l’industrie s’engage sur la voie de la numérisation, ce qui compte le plus, ce sont les solutions pragmatiques, les bons produits et les meilleures collaborations – offrant aux entreprises « tout ce qui est nécessaire, rien d’inutile. »